Une révolution pour survivre ?

 

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La démonstration dans cet article n'engage que moi, elle se base sur une simple réflexion, sans aucun jugement politique ou social. La majorité des grandes révolutions prennent toutes leurs racines dans la crise sociale et économique, majoritairement. Celui qui ne peut plus subvenir à ses propres besoins essaie de lutter, si il est seul il finit au mieux en marge de la société, au pire avec un destin plus funeste; mais si plusieurs se reconnaissent comme tels, alors la lutte devient organisée, les revendications s'amoncellent et la révolution naît.

La pyramide de Maslow

La construction de l'Homme selon Maslow fait écho aux embryons révolutionnaires: un homme qui n'est jamais certain de pouvoir manger tous les jours est loin de se préoccuper de toute dignité, sa survie dépend de trouver de quoi se nourrir, même si il doit fouiller les poubelles du quartier. Nous ferions tous de même, et c'est ainsi pour chaque stade de progression de la pyramide.

Si nous analysons la crise actuelle, proposer une réponse politique qui n'est pas concrète, qui nécessite un temps d'attente, une analyse sans réussite certaine ou laissant apparaitre un doute d'échec, est voué sans conteste à un refus immédiat.

L'exemple premier ayant été que la taxe sur les carburants étant trop élevée, le citoyen qui se trouve dans l'obligation de prendre sa voiture se sent lésé, il voit peser cette contrainte sur son pouvoir d'achat, imagine les restrictions qu'il va devoir trouver dans son budget pour continuer à se rendre à son travail (rogner son budget vacances, cadeaux de Noël, nourriture, loyer ...), et cette pression psychologique le met dans une position d'insécurité qui l'empêche d'écouter la raison pour laquelle la taxe existe. Ce citoyen n'est pas contre l'écologie, il est même plutôt favorable, mais lui aussi veut continuer à vivre pour voir la planète s'améliorer. Et je parle au sens littéral tu terme, donc, le pouvoir en place peut toujours expliquer la raison de la taxation, personne ne la conteste, c'est juste que la position d'insécurité financière des citoyens ne peut plus absorber une contrainte supplémentaire sans les mettre en danger.

L'histoire ne dit pas par contre, si le mouvement aurait-il perduré dans le cas d'une taxe moindre ou si elle avait été retirée immédiatement après les premières contestations.

Pourquoi la contestation a t elle dévié ?

Tout est parti de cette taxe. Le gouvernement tenant tête à cette fronde pour conforter son choix (aussi légitime soit-il), a mit une catégorie de personne en réflexion sur une injustice qui existe depuis plusieurs décennies. Des premiers calculs sont apparus, et il s'avère que la suppression de l'ISF (5 Mds d'€) correspond au centime près, à l'espérance de gain pour la taxe sur le carburant afin de financer la transition écologique. La conclusion rapide, a été de dire que la suppression de l'ISF, sensée créer de l'emploi en rapatriant des capitaux qui ont fuit la France, avait une issue très aléatoire et incertaine, peu de chance qu'elle compense la valeur de l'ISF, peu de chance que cette mesure permette de financer l'écologie, alors qu'une taxe sur le carburant, elle, est bien concrète.

La taxe sur le carburant devient alors la première pierre qui permettra de construire alors le mur des dysfonctionnements qui gênent les citoyens français: une liste non exhaustive qui comprend aussi... des élus non représentatifs dont les exemples dans les médias foisonnent: Lorsqu'un ministre exprime qu'un menu au restaurant pour 2 coûte en moyenne 200€ sans le vin, qu'une autre grogne car elle ne peut pas s'acheter de Porsche, qu'une dernière ne connait pas le montant du SMIC ou qu'un dernier ne connait pas la "prime de Noël" versée par le gouvernement pour les familles les plus défavorisées, on peut imaginer qu'il y ait une crise identitaire ou de représentation du citoyen.

La révolte gronde que les politiques ne s'acharnent que sur le même type de contribuable sans les connaitre, sans en être issus, alors peut elle se mouvoir en révolution, demandant alors la démission de son président, identifié alors comme la source de leurs problèmes en prenant des décisions qui sont considérées par ce mouvement, toujours plus injustes ? Si la confiance est rompue, comment être sûr qu'elle puisse être rétablie par un simple moratoire sur les taxes carbone ?

La réalité économique d'un SMIC

Pour être encore un peu plus concret, regardons de plus près les difficultés mensuelles d'une famille de 2 parents en région parisienne qui travaillent et qui sont rémunérés avec un SMIC chacun, ainsi que 2 enfants de moins de 10 ans (sans occulter qu'à partir du collège, le coût d'un étudiant devient encore plus important sur le budget des parents, avec des bourses faibles et accessibles à peu de citoyens).

Salaire des 2 parents: + 2307€ net soit 1153€ net par parent

APL: + 17€ par mois

CAF: + 131,16€ par mois

Prime d'activité: + 155€ par mois

Loyer : - 900€ par mois pour un 4 pièces dans le 93 (sur Paris il faudrait compter au minimum 1500€ par mois)

Transport pass Navigo: - 70€ (dont 50% remboursé par l'employeur)

Alimentation: - 600€ par mois (avec viande et fruits et légumes)

Habillement: -100€ par mois

Assurance appartement 3 pièces: - 20€ par mois

Crédit voiture (valeur 15 000€ sur 84 mois): - 220€

Assurance voiture (Renault espace tout risque): - 30€ par mois

Essence: - 160€ par mois

Energie (chauffage, eau chaude): - 90€par mois

Eau: - 60€ par mois

Téléphone, TV, Internet: - 80€ par mois

Impôts sur le revenu: 0€ par mois

Reste: + 280€ par mois pour soit choisir entre des loisirs, une épargne, des dépenses imprévues, économiser pour les vacances, les études des enfants ... etc

Dans ces conditions il devient compréhensible de réfléchir à 2 fois avant de s'offrir un ciné à 15€ la place ou un restaurant à 35€ par personne car le budget en souffre immédiatement.

Et, je ne calcule pas la fatigue qui est occasionnée par les déplacements professionnels car ne pouvant habiter dans le centre d'une grande ville, l'habitation est souvent distante de plus d'une heure de trajet aller, donc idem pour le retour.

Des solutions ?

Je ne suis pas expert en politique économique mais des solutions doivent exister pour permettre à certaines classes sociales de respirer, et je pense que les revendications sont en attente de réponses très concrètes comme:

  • Payer moins cher ses courses (baisse de TVA ?)
  • Payer moins cher sont essence (moratoire en cours ... veuillez ne pas quitter)
  • Payer moins cher son assurance ou son crédit (les comparateurs ont favorisé la baisse des coûts en sauvegardant les garanties)
  • Payer moins cher son loyer (un encadrement est nécessaire pour éviter les dérives actuelles, notamment les critères d'acceptation d'un dossier, ou encore la location de logements insalubres)
  • Améliorer les transports afin de supprimer sa voiture (soyons honnête, ceux qui peuvent se permettre de le faire ont les moyens de supporter un loyer en plein centre ville et, au prix du m2 des grandes villes, ce ne sont pas ceux qui font parti des bas salaires ...)

Je ne pense pas que ceux qui sont dans une situation précaire demandent des aides financières supplémentaires pour améliorer un train de vie, mais bien un coût de la vie moins excessif... Et, ne pas proposer la solution adéquate à un problème identifié comme grave, c'est un peu comme si le médecin ne prescrivait que de l'aspirine, que vous soyez atteint d'une hépatite C ou d'un simple rhume... Encore une fois, je pense qu'une mobilisation aussi grande n'intervient pas par hasard mais naît bien de la souffrance et du désespoir, le socle de toute révolution ...

 

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